Introduction
Plonger dans l’écriture du troisième volet de l’histoire du petit Tom, cet enfant singulièrement criminel n’a pas toujours été un exercice littéraire simple. Mais c’est seulement au fil de l’écriture que la tentative m’est apparue comme nécessitant une compréhension véritable de la psychologie infantile, une sensibilité aux implications morales et une technique narrative particulière, le tout, afin d’éviter la caricature ou la banalisation de la violence. Ai-je maîtrisé tout cela ? Honnêtement, je n’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que j’ai dû y faire face… parfois à mon corps défendant.
La complexité de la perspective enfantine
Écrire du point de vue de ce petit garçon m’a obligée à tenter de restituer une vision du monde marquée par l’innocence, la curiosité et une compréhension encore limitée des normes sociales, et ce, en dépit son intelligence hors du commun. Tom étant également un criminel, il m’a fallu naviguer entre l’authenticité de la voix enfantine et la représentation crédible d’actes transgressifs… tout en acceptant de choquer le lecteur, voire de me l’aliéner.
Les challenges éthiques et émotionnels
Très vite, la représentation de cet enfant criminel m’a aussi confrontée à des questions éthiques essentielles… Ai-je, par exemple, évité l’écueil de l’exploitation à des fins sensationnalistes ? Quelle a été la finalité de mon récit ? Est-ce que j’ai réussi à comprendre (et à faire comprendre) les motivations de Tom ? Est-ce que j’ai dénoncé comme il le fallait les défaillances de son entourage proche (ainsi que de la société) ? Mon approche a-t-elle été nuancée (ou non) ? A-t-elle évité les stéréotypes, les jugements à l’emporte-pièce ? Seuls les lecteurs seront en mesure d’apporter une réponse… qui ne sera sans doute pas unanime !
Les techniques narratives et stylistiques
Pour prendre la plume du petit Tom, j’ai agrégé plusieurs techniques narratives. La première a été la focalisation interne, puisqu’il s’agissait de plonger le lecteur dans les pensées de ce petit garçon (et ce, afin qu’il comprenne ses motivations et ses émotions). La seconde a été l’utilisation d’un langage adapté, via une syntaxe et un vocabulaire correspondant peu ou prou à l’âge d’un Tom par ailleurs très intelligent (l’objectif étant de renforcer l’authenticité de la narration). La troisième a été l’adoption, par moments, d’une structure fragmentée, avec ruptures de ton et/ou narration non linéaire (reflétant, le cas échéant, la confusion mentale Tom). Il est à noter que ces choix stylistiques, s’ils ont a priori servi le propos, peuvent rendre la lecture plus ardue… au moins l’espace de quelques pages, le temps que le lecteur s’y accoutume.
Conclusion
Écrire depuis la perspective d’un petit Tom criminel a été pour moi un défi. Cette expérience me laisse penser que, lors de l’écriture de mes prochains romans, je devrai encore davantage réfléchir aux implications éthiques et narratives de chaque détour de l’intrigue, à l’authenticité de ma plume, à la complexité psychologique de mes personnages, à leur évolution en la matière… le tout en faisant en sorte que le lecteur reste, jusqu’à la dernière page, suspendu aux lignes du roman !